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Un nordiste à la Réunion pour travailler la sobriété

La jeune société propose des actions de sensibilisation à travers un jeu de cartes pédagogique qui permet d’apprendre les gestes simples du recyclage.

Zenia, vous vous en doutez bien-sûr, c’est zénial… ; mais c’est aussi le nom d’un petit ver de terre qui a de la suite dans les idées. Conçu par Théau Davioud, un jeune nordiste issu du lycée agricole de Genech dans le Nord, le petit ver est comme un super héros du sol qui vient nourrir la terre, éveiller les esprits pour changer les comportements des habitants de la Réunion, de manière fraîche et ludique, vers plus de sobriété et responsabilité environnementale.

Son bac STAV en poche, Théau débarque sur l’île de la Réunion en 2016 où il poursuit sa spécialisation par un BTS développement de l’agriculture des régions chaudes, puis par une licence en agronomie et développement durable. Son constat : les déchets alimentaires ne sont pas valorisés. Son concept : éduquer pour changer les comportements, mais sans repasser par l’école, agir dès le plus jeune âge pour former les générations de demain ; créer ainsi des programmes éducatifs qui passent par le jeu et l’image et contournent ainsi l’illettrisme encore ambiant de l’île. Le ver de terre est au compost, ce que l’abeille est à la pollinisation : le symbole fonctionne à plein, avec les adultes comme avec les enfants et Zenia vient personnifier l’outil pédagogique, rendre le sujet plus sympathique avec la pointe d’humour nécessaire à la mise en œuvre ludique de ce projet sociétal.

Ainsi est née en 2023 Compost avenir, une startup, inscrite à la French Tech, lauréat dans la catégorie startup au weekend « Economie sociale et solidaire » et déjà bénéficiaire de deux subventions de 50 k€ chacune en provenance de l’Etat et de la Caisse Régionale de l’Economie Solidaire.

La jeune société propose des actions de sensibilisation à travers un jeu de cartes pédagogique qui permet d’apprendre les gestes simples du recyclage. A cela s’ajoute une coordination de différentes ressources locales (bois palettes, bois local,…) dans le cadre d’un PTCE (Pôle Territorial d’Action Economique) pour fabriquer des objets qui entrent dans la pédagogie du compostage : lombricomposteurs, bornes de tri, jardinières et bacs d’ornement,…

In fine, ces deux actions se coordonnent dans un accompagnement RSE pour les entreprises, écoles et administrations qui propose un séquençage d’actions, partant du diagnostic puis la sensibilisation, pour aller vers la mise en place de solutions et suivi de l’expérience à travers la maintenance des équipements fournis et le pilotage de la collecte des déchets alimentaires. Compost Avenir est ainsi en contrat avec le groupe Veolia, Formaterra, un centre de formation agricole, bien d’autres écoles du territoire ; des formations ont également eu lieu à Madagascar.

Les biodéchets représentent à la Réunion 90 000 tonnes qui sont enfouis sur deux sites de l’île ; 38 % des poubelles réunionnaises sont constituées d’aliments. Le compostage vient recycler les déchets alimentaires et invite à faire pousser des légumes à l’échelle individuelle. Théau remarque que cette fibre de l’économie circulaire lui vient peut-être de ses longues tournées d’enfant avec son père passionné d’antiquités pour préparer et tenir les braderies de Lille et de bien des villes alentours : le recyclage dans le sang, pourrait-on dire ! La sobriété permet sans doute de revenir à des choses simples, encore faut-il combiner imagination et esprit entrepreneurial pour le concrétiser. Le chti du nord grâce à Zénia donne plus de racines aux légumes et plantes de la Réunion !