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Transition énergétique et décarbonation : Comment relever le grand défi ?

Quand on parle d’énergie et de climat, il est aujourd’hui difficile d’y voir clair. En effet, les diversités d’opinions et la polarisation du débat se heurte souvent à l’urgence d’agir qui, au détour des étés caniculaires et des évènements géopolitiques, se fait toujours plus pressante. Alors comment relever ce « grand défi » ?

Explorons quelques pistes de réflexions évoquées durant « Le Grand Défi Ecologique » l’évènement biannuel phare de l’ADEME sur le déploiement de la transition en France.

Accompagner le changement
Par construction, la transition d’un système à un autre implique des changements majeurs. En ce qui concerne la transition énergétique, un exemple significatif est la modification des paysages, comme illustré par le parc éolien en mer de Fécamp.

Situé sur le Grand Site des falaises d’Etretat, l’installation de ce parc a généré une forte modification du paysage local. Pour accompagner ce changement, plusieurs actions ont été mises en place :
• Adapter la disposition du parc au site d’Etretat ; en alignant les mats en face des falaises, l’impact visuel du parc s’est retrouvé fortement réduit,
• Inclure les acteurs locaux au plus tôt dans le projet, notamment ici les pécheurs de Fécamp, et assurer une juste répartition des redevances du parc entre acteurs économiques, communes frontalières et communes de l’arrière-pays,
• Etudier les changements générés par le parc, au travers d’un projet de recherche nommé « Eolenmer », mêlant enjeux naturels et sociaux.

Comme évoqué par le Maire de Fécamp, il faut également changer la façon de penser l’accompagnement de ce genre de projet ; entre sa construction, sa maintenance, ses éventuelles extensions ou son démantèlement, le parc vis et cohabite avec les populations locales. Il faut donc considérer le sujet comme vivant et objet de débat, plutôt que clos.

Notons qu’à Fécamp, la montée des eaux impactant fortement le trait de côte sur les falaises, une conscience plus aiguë des impacts du changement climatique s’est développée, ce qui a pu faciliter les débats autour du parc.

Repenser les coopérations public/privé
Pour relever le « grand défi », il faut également repenser la façon dont les différents acteurs travaillent ensemble, notamment acteurs publics et privés. Evoquons ici deux exemples ;
• Les ZIBAC : Zone Industrielles Bas Carbone. Lancée à l’initiative de l’ADEME, cette démarche vise à construire et déployer des ambitions de décarbonation à l’échelle de zone industrielle. En abordant cet enjeu à l’échelle plaque, l’approche permet de débattre des mutualisations et des infrastructures de ces zones, et de regrouper des industriels très différents, parfois en concurrence. En finançant les études ZIBAC à part égale entre ADEME et industriels, la démarche permet de penser la décarbonation de façon concertée, transversale et cohérente.
• Les PTS : Plan de Transformation Sectoriels. Lancée également à l’initiative de l’ADEME, cette démarche vise à déterminer les manières de décarboner les procédés de 9 secteurs clés : Acier, aluminium, ciment, ammoniac, chlore, éthylène, papier-carton, sucre, verre. Ces PTS investiguent les évolutions de marché, les solutions techniques de décarbonation et les enjeux économiques associés. Menée de concert avec les filières concernées, cette approche permet aux acteurs économiques d’avoir une vision fine des façons de se décarboner et aux acteurs publics de visualiser les méthodes pour les accompagner.

Composer avec un monde plus variable
Enfin, il nous faudra aussi nous adapter aux conséquences du changement climatique. Or, ces conséquences sont par nature variables, il nous faut donc essayer de résonner dans un monde bien plus instable que par le passé. Pour répondre à ce besoin, l’ADEME a lancée la démarche TACCT (Trajectoires d’Adaptation au Changement Climatique des Territoires). L’idée est ici de suivre une méthodologie structurée, en commençant par identifier les impacts et vulnérabilités de son territoire, construire une stratégie adaptée, pour enfin l’évaluer et la corriger au besoin. Cette démarche est certes innovante, mais a le mérite d’amorcer les réflexions et les débats sur le sujet.