Sobriété énergétique : questionnons d’abord les usages !
Si la sobriété énergétique est le maître mot de cette fin d’année 2022 par crainte que nos systèmes n’aient pas la capacité de répondre à nos besoins pour cet hiver, la réduction de notre consommation en énergie doit véritablement devenir une tendance de fond.
Scénario RTE d’évolution de la consommation totale d’électricité et de la consommation d’énergie finale pour les autres énergies en France dans un monde bas carbone
Dans leurs scénarios “futurs énergétiques” et “transition(s) 2050”, RTE et l’ADEME, parmi d’autres, aboutissent à des conclusions similaires : la décroissance de la production en énergie – et donc de sa demande – doit constituer une priorité, au même titre que sa décarbonation. Selon les scénarios, la demande en énergie, devra en effet décroitre de 25 à 50% : les gains d’efficacité et surtout la sobriété dans les usages constituent les deux leviers d’action principaux.
A plus court terme, et parce que les tensions potentielles du marché de l’énergie n’ont jamais réellement été anticipées, le gouvernement ainsi que les acteurs énergétiques demandent la mise en œuvre en urgence d’actions de sobriété. Dans ce cadre, des groupes de travail sur la sobriété énergétique ont été lancés pour mobiliser en premier lieu le secteur public et les entreprises.
Pour comprendre les enjeux, reprenons une définition précisant ce qu’est la sobriété : « La sobriété couvre toutes les mesures qui permettent d’éviter au départ la demande en énergie, en matériaux, en eau, en sols, tout en offrant à chacun un niveau de vie décent dans le cadre des limites planétaires ». S’il ne fait nul doute que les entreprises et l’Etat ont des solutions pour permettre de réduire les besoins en énergie, les moyens et la vitesse d’exécution sont restés très insuffisants ces dernières années. Nous en payons aujourd’hui collectivement le prix
Deux constats sont faits :
D’une part, on note de nombreux cas où se confondent à tort les notions d’efficacité énergétique et la mise en œuvre de technologies de substitution d’énergie fossile. Le déploiement d’une centrale solaire photovoltaïque, même en remplacement d’une source d’énergie carbonée, ne contribue pas à l’efficacité énergétique. Il s’agit simplement de moyens de substitution, essentiels, mais qui ne peuvent en aucun cas constituer un prétexte au gaspillage de l’énergie.
D’autre part, si la question de l’efficacité énergétique des utilités doit être posée – que ce soit pour faire du chaud, du froid, de l’air comprimé ou pour les systèmes d’entrainements – il demeure que la question d‘un juste dimensionnement de ces utilités est trop souvent éludée par un manque de questionnements en aval. Pour illustrer ce constat, des exemples de questions à poser concernant les usages de l’énergie dans les entreprises. A-t-on besoin d’utiliser la vapeur pour alimenter des centrales de traitement d’air ou pour du chauffage de bureau ? Le dimensionnement des groupes froids sont-ils en phase avec quels besoins process ou utilités ? La production d’air comprimé mise en place répond à quels besoins en quantité, qualité, niveau de pression ?
Pour répondre donc aux enjeux de transition énergétique et de la décarbonation, le graphique ci-dessous propose les différents leviers d’actions, la chronologie associée et montre l’intérêt de concentrer les premières actions sur la définition du besoin pour des gains importants avec peu d’investissement avant de se préoccuper des équipements et de l’amélioration de leur performance.
Finalement, dans de nombreux cas, on se rencontre que la refonte des usages est souvent peu questionnée et il est pourtant primordial d’agir sur ce point qui est l’élément qui conduira à induire les besoins en énergie. Il s’agit içi d’une part d’éviter les gaspillages, et dans le cadre d’investissements (CAPEX) souvent lourds et dont les frais de fonctionnements (OPEX) sont imprévisibles car dépendants d’un marché de l’énergie volatile, il est crucial de questionner en profondeur les dimensionnements des systèmes et utilités pour le “juste besoin”, actuel et projeté.
Grille d’évaluation impact/TRI d’actions d’efficacité énergétique pour l’industrie