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Retour sur les 27èmes Rencontres de la Transition énergétique

Plus de 300 participants du secteur de l’énergie, parmi lesquels des élus, des dirigeants d’entreprises, des chercheurs et des responsables d’associations, dont Pôlénergie, ont participé aux Rencontres de la FEDENE le 20 septembre 2023.

La FEDENE, Fédération des services Energie et Environnement regroupe 500 entreprises de services centrées sur l’efficacité énergétique, la performance des bâtiments, le facility management ainsi que la production et la valorisation de la chaleur renouvelable et de récupération, soit 60 000 salariés et 11 Md€ de chiffre d’affaires.

 

La chaleur représente 40% de l’énergie utilisée en France, tous secteurs confondus. Cette chaleur provient majoritairement du gaz (50 %), suivie de l’électricité (20 %), et des sources de chaleur renouvelable (23 %). Parmi les sources d’énergie renouvelable, le bois-énergie en couvre quasiment 70%, bien que sa disponibilité et les conflits d’usages de ses co-produits posent des défis ; les pompes à chaleur aérothermiques couvrent environ 20% et la part restante revient à la géothermie et au solaire thermique. L’objectif ambitieux est de doubler la production de chaleur renouvelable d’ici 5 à 7 ans. Pour Antoine Armand, député de la Haute-Savoie, c’est en mettant l’accent sur une approche régionale et au sein des Comités Régionaux de l’Energie que se jouera l’atteinte de ces objectifs. Dans cette optique, les réseaux de chaleur sont une solution incontournable en tant que moyen de décarbonation et de stabilité des prix, y compris dans les petites villes.

 

Aurélie Beauvais, déléguée générale de Euroheat & Power, souligne l’importance cruciale de la chaleur dans le contexte de la transition énergétique européenne. En Europe, la chaleur représente 50 % de la consommation énergétique totale, dont 70 % proviennent de sources d’énergie fossile ; cette répartition est similaire à celle de la France. En Europe comme en France, la chaleur demeure un secteur largement négligé par les politiques publiques : les plans de relance, tant au niveau national qu’européen sont principalement axés sur l’électrification et laissent peu de place aux mesures spécifiques pour le chauffage, alors même que tout le monde a vu combien la crise énergétique concerne en grande partie ce secteur.

Il est intéressant de noter que les pays européens les moins touchés par la volatilité des prix de l’énergie sont ceux qui disposent du plus grand nombre de réseaux de chaleur. Cette observation est particulièrement pertinente dans les pays nordiques et baltes, où les réseaux de chaleur représentent jusqu’à 60 % du mix énergétique, comparé à seulement 4 % en France.

L’exploitation-maintenance, un enjeu majeur dans la sobriété
Charles Remande, directeur Environnement et énergie, Sodexo France a insisté sur le fait que la maintenance est une véritable clé pour réduire notre consommation énergétique. Elle occupe une place centrale dans l’approche de sobriété énergétique et il est essentiel de reconnaître que plus un système technologique est automatisé, plus il requiert une maintenance adéquate pour garantir son efficacité et sa durabilité.

Cet aspect revêt une importance capitale dans le secteur du chauffage, où il est nécessaire de repenser les contrats pour qu’ils intègrent des objectifs d’économies d’énergie concrets. Les contrats de performance énergétique, considérés comme le modèle le plus abouti en la matière, doivent devenir la référence, voire la norme, surtout lorsqu’ils sont soutenus par des financements publics dans les domaines de l’habitat collectif et du tertiaire.

Chaleur fatale, le gisement inexploité
La chaleur fatale, énergie gratuite et souvent négligée (co-produite bien souvent par les industriels), offre un potentiel considérable en matière de décarbonation énergétique ; elle représente une ressource substantielle encore largement inexploitée en France. Seul 1% est aujourd’hui valorisé.

Les réseaux de chaleur jouent un rôle central dans la transition énergétique, en permettant d’optimiser la distribution de la chaleur fatale et des énergies renouvelables. Un objectif majeur est le doublement des réseaux de chaleur d’ici 2030, notamment grâce à l’augmentation du dispositif fonds chaleur de l’ADEME. Néanmoins, le frein majeur reste un problème juridique qui est la non couverture du risque de fermeture de l’industriel qui met à disposition sa chaleur fatale.

Présentation des travaux du secrétariat à la planification écologique
Antoine Pellion, secrétaire de la planification au cabinet du premier ministre, a exposé les travaux de planification écologique dans une approche concrète et pragmatique. Son plan part de deux questions fondamentales : Quelles actions concrètes peuvent être mises en œuvre pour atteindre les objectifs fixés ? Et selon quels processus ?
La répartition de l’effort est clairement définie, avec 50 % des leviers de réduction pour les professionnels et les industries, 25 % pour les collectivités et 25 % pour les ménages.

Ce plan repose sur une stratégie équilibrée qui intègre 60 % d’efficacité énergétique, 20 % de sobriété et 20 % d’innovation. Il demeure crédible car il se base sur une identification minutieuse des leviers, avec des ordres de grandeur réalistes et des trajectoires atteignables. Son accueil suscite un optimisme justifié. Une mobilisation croissante est constatée au sein des entreprises et des territoires. Le gouvernement renouvelle son engagement pour fournir les moyens financiers nécessaires permettant de concrétiser cette transition.