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Actualités 3 Sep 2025

Refondre la transition écologique

Lors des universités d’été de l’économie de demain, le 29 août dernier, le constat d’une transition environnementale en berne était dans tous les esprits (voir notre édito).

 La plénière de clôture donnait la parole à Dominique de Villepin qui put revenir sur les causes du ressac dans une analyse précise et ciselée, comme celle d’un orfèvre, et surtout avec des propositions de refondation de la cause écologique pour le « vieux » continent européen que nous sommes…

Nous changeons de modèle d’abord sous la pression d’un contexte géopolitique nouveau. Jusqu’à il y a peu de temps, l’écologie était une variable d’accompagnement des politiques publiques, mais la donne a changé : la mondialisation recule et laisse place à des visions concurrentielles entre les États dont certains ne sont pas seulement individualistes mais prennent des postures néo-impériales avec une tendance à la fois élitiste mais surtout extractiviste. L’extractivisme se définit par l’exploitation massive des ressources de la nature ou de la biosphère. Dans ce contexte néo-impérial, les souverainetés sont malmenées dans tous les domaines, que ce soit les tarifs douaniers imposés, la régulation numérique refusée ou même la finance à travers les stablecoins adossés au dollar ou le refus d’une sécurité souveraine quand la résolution de conflits tente de bypasser les pays européens. Ces différentes attaques sur la souveraineté de nos pays européens ne sont pas sans enjeu sur la démocratie que nos pays veulent continuer à incarner. Néo-impérialisme et extractivisme sont deux phénomènes liés au constat de la raréfaction des ressources. C’est bien l’entrée dans un monde de la rareté qui crée des prédateurs suprêmes. La Chine s’est vu attribuer des tarifs douaniers de 15% en échange d’un accès des États-Unis aux fameuses terres rares…

Le contre-pied européen doit donc faire de la cause écologique et environnementale le cœur absolu de toute politique européenne. Nous entrons dans un monde de différenciation et de bataille économique. Là, où certains privilégient la quantité et le volume, soyons, nous, européens, résolument du côté de la qualité : « que ce soit la marque de fabrique de l’Union européenne », martèle Dominique de Villepin. L’écologie doit ainsi devenir l’outil de résolution des enjeux internationaux, en raison même du caractère limité des ressources de notre planète.

Dominique de Villepin envisage un rendez-vous hebdomadaire du Pouvoir devant les citoyens sur la question écologique pour ancrer sa centralité. Le PIB ne doit plus être l’agrégat de mesure de la performance économique puisqu’il n’intègre pas de données qualitatives qui reflèteraient mieux l’état d’avancement de nos sociétés développées. Des conseils au niveau des territoires devraient éclairer les décisions prises en termes d’infrastructures par le niveau national ; mais parallèlement au niveau de l’entreprise, L’État devrait pouvoir induire de nouveaux comportements. à titre d’exemple, la voiture électrique est une belle avancée avec, en France, l’un des meilleurs réseaux de bornes électriques d’Europe, mais une voiture plus légère serait tellement plus écologique ! L’État doit pouvoir intervenir sur le poids des voitures.

La centralité de la question écologique fera bouger les lignes habituelles de la démocratie : à la fois plus de mobilisation citoyenne qui, mieux que l’administration, peut faire ressortir l’idée de l’intérêt général ; mais à la fois plus de dirigisme et de planification avec des normes sans passe-droit qui feront vraiment avancer la décarbonation de l’économie.

Source : Impact France