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PROPOSITIONS DE JALONS POUR UNE ÉCONOMIE DÉCARBONÉE

Pionnière de la notation extra-financière en France, ancienne directrice du développement durable d’Eiffage et de Véolia, enseignante à Centrale et vice-présidente du think tank spécialiste de la décarbonation The Shift Project, co-fondatrice du cabinet de conseil en stratégie Prophil qui défriche les nouveaux modèles économiques au service du bien commun et auteur de plusieurs ouvrages, dont « 2030 : le krach écologique », Geneviève Férone Creuzet donnera une conférence le 13 avril prochain à l’Institut Chevreul, en introduction à l’AG de Pôlénergie sur le thème «Décarbonation et accessibilité aux énergies : quelle croissance souhaitable ?».

Nous l’avons rencontrée pour Pôlénergie dans l’optique de poser quelques jalons sur les liens entre lutte contre le dérèglement climatique et faisabilité économique. Notre question était la suivante : que faut-il faire pour mettre l’économie française en cohérence avec une baisse des émissions planétaires de 5% par an, tout en permettant à chacun(e) de trouver un emploi ?

C’est à cette question à laquelle nous avons essayé de répondre avec le Shift Project, via le Plan de Transformation de l’Economie Française (PTEF : http://ilnousfautunplan.fr ). Ce plan de navigation a pour objectif de mener notre pays à l’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles, à la résilience face aux problèmes d’approvisionnement et aux futurs aléas climatiques. Son but n’est cependant surtout pas d’offrir l’illusion réconfortante d’une transformation réussie d’avance, d’un programme « clés en main ». 

Pour l’industrie en particulier, et notamment la chimie, la métallurgie (principalement la sidérurgie), et l’industrie des matériaux de construction (principalement le ciment), les efforts de décarbonation restent à ce jour substantiels. L’industrie doit en effet parvenir à une réduction de 80% d’ici 2050 de ses émissions de 2015. Pour y parvenir, deux leviers sont envisagés dans le PTEF :

  • Réduire les émissions provenant de sa consommation d’énergie car à la fois considérable et carbonée (d’origine fossile).
  • Réduire les émissions de procédés, issues des réactions chimiques entrant en jeu dans la production des matières premières et transformées.

Le PTEF propose d’actionner ces deux leviers via :

  • L’accélération de l’amélioration continue historiquement observable (40% de l’effort à fournir) : cette action s’appuie sur des solutions dont le potentiel n’est pas encore épuisé aujourd’hui. Il n’implique pas de transformation profonde du métier.
  • La mise en place de conditions favorables pour des ruptures technologiques (40% de l’effort à fournir): dans chaque secteur, des innovations de rupture sont en gestation. Parmi elles, certaines des plus notables et matures sont rendues possibles par le PTEF, en créant les conditions nécessaires à leur aboutissement et à leur déploiement à l’échelle, d’ici 2050.
  • La sobriété déployée dans les autres secteurs semble indispensable pour aider l’industrie à atteindre sa cible de décarbonation (20% de l’effort à fournir) : par exemple via le ralentissement de la construction neuve ou l’allégement du parc automobile.

A l’issue du PTEF, l’industrie continue de produire les infrastructures et biens essentiels à la société, mais adaptée aux nouvelles manières plus sobres de se déplacer, de produire, de transporter, de communiquer ou de se divertir. Si les progrès techniques et l’innovation sont poussés au maximum, l’adaptation à la sobriété reste indispensable. Le développement de nouvelles filières, comme celles de « l’Après-Vie» (APV) générera des emplois non délocalisables et permettront de compenser une part des pertes d’emplois d’autres filières.

 

Le chemin à parcourir reste semé d’embuches, mais le PTEF propose des jalons pour faciliter le voyage. A l’inverse de l’écologie punitive, nous faisons le pari que ceux qui voudront s’atteler à la mise en œuvre de ce plan trouveront une satisfaction immédiate à cela  se sentir utiles, voire nécessaires.

Pour assister à la conférence «Décarbonation et accessibilité aux énergies : quelle croissance souhaitable ?» par Geneviève Férone Creuzet, rendez-vous sur polenergie.org pour vous inscrire.