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Ne dites plus pipeline CO2 mais dites Carboduc

Le ministère de l’économie et des finances publiait en juillet dernier un rapport proposant un état des lieux et des perspectives de déploiement du CCUS en France.

Les technologies de capture, stockage et valorisation du carbone (CCUS) y sont définies comme consistant à “capturer les émissions de CO2 dans le but de les stocker durablement, ou de les réutiliser comme intrants dans la fabrication de certains produits, substituant ainsi des consommations fossiles”. La France a fait le choix de recourir à cette technologie pour la capture des émissions les plus difficiles à abattre, en l’absence d’autres solutions de décarbonation technico-économiquement viables. C’est dans ce cadre que GRTgaz et Equinor ont présenté en marge des Assises européennes de la transition énergétique à Dunkerque leur projet de chaîne de transport et de stockage de CO2 franco-norvégienne.

Equinor et GRTgaz sont liés depuis le 16 janvier 2024 par un partenariat franco-norvégien stratégique dont la vocation est de développer une chaîne de valeur de transport et de stockage de CO2 à grande échelle. GRTgaz se charge du réseau onshore de collecte du CO2 et de la station de compression (passage de 25 à 180 bars) ; Equinor se charge quant à lui des canalisations CO2 offshore et du stockage en mer du Nord. Le hub dunkerquois pourra accueillir une capacité de 11 Mt de CO2 par an, dont 4 à 5,5 MT proviendront des industriels dunkerquois (projet Dkharbo : zone 1 sur la carte). Le reste proviendra à la fois de l’hinterland proche des Hauts-de-France (zone 2 sur la carte) et des besoins de stockage d’autres zones industrielles françaises comme la vallée de la Seine, le Grand Est ou le port de Saint-Nazaire qui relieront le hub dunkerquois par cabotage (zone 3 sur la carte).

Le carboduc offshore se déploiera sur 1000 km de long avec un diamètre de 36 à 40 pouces. Il sera alimenté par une antenne provenant de Dunkerque et une autre provenant de Zeebrugge. Le carboduc est appelé à collecter le CO2 industriel mais également biogénique et pourra donc assurer la traçabilité et la comptabilité des flux du CO2 biogénique aux projets de production de carburants de synthèse décarbonés (SAF).

L’infrastructure GRTgaz-Equinor devient donc la colonne vertébrale du CCS du nord de la France. Pourront s’y raccorder le projet Dartagnan-Nautilus  animé par Air Liquide, GRTgaz et Dunkerque LNG qui captera le CO2 des industriels ArcelorMittal, Eqiom et Lhoist, le projet EU to North Sea (EU2NSEA) qui fédère des industriels d’Europe du nord et de l’ouest et le projet Dkharbo 2 qui connecte le projet DKharbo au carboduc offshore.
Les études pour la construction du carboduc Dkharbo sont en cours, de même que pour la station de compression. Démarrent ce mois de septembre les études autour du dimensionnement des futures infrastructures de collecte et transport de CO2 sur le périmètre région Hauts-de-France et Grand Est. Blunomy en partenariat avec Pôlénergie ont été retenus pour évaluer le potentiel de capture et consommation sur la région Hauts-de-France, définir les caractéristiques des infrastructures à développer et poser les bases d’une stratégie régionale du CO2.