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Les bénéfices non énergétiques

Méthode et stratégie d’investissement pour l’efficacité énergétique...

Pourquoi des projets d’efficacité énergétique ou de décarbonation ne voient-ils pas le jour, même avec des temps de retour sur investissement intéressants ? C’est la question que s’est posée Catherine Cooremans, chercheuse sur la décarbonation par l’efficacité énergétique et experte en évaluation stratégique et financière des investissements, au cours d’un projet européen. La méthode MBENEFITS a alors été développée.

Quels sont les facteurs d’influence et les moteurs de la décision d’investir ?
En effet, en efficacité énergétique, le seul argument de surconsommation d’énergie est souvent insuffisant pour amener à la décision d’investir. Il faut alors passer en revue le reste de l’activité, identifier les dysfonctionnements et discuter avec les personnes au cœur du métier pour les intéresser et les intégrer aux décisions.

Pour poser un cadre à cette démarche, la méthode MBENEFITS permet d’évaluer, de monétiser et de documenter ex ante tous les impacts d’une opportunité d’investissement et de comparer les différentes options et temporalité de celle-ci. Elle utilise l’analyse des bénéfices non énergétiques, qui représentent tout autre impact que les économies d’énergies, et qui rend les investissements de la transition énergétique plus stratégique et rentable. Ils sont généralement peu inclus dans les décisions, par manque de méthodologie, de compétences ou de données, et ne sont pas uniquement des bénéfices comportementaux.
La raison d’être de cette approche est donc d’identifier et d’évaluer la valeur stratégique et financière des investissements en efficacité énergétique, lorsque les bénéfices non énergétiques sont présentés, en plus de ceux visés par le projet initial.

Exemple concret :
Un retour d’expérience concret qui a été présenté est celui du remplacement des fours d’une boulangerie industrielle. D’un point de vue énergétique, un équipement plus récent sera plus performant avec une meilleure efficacité. Cependant, le temps de retour sur investissement comme seul indicateur de prise de décision est généralement insuffisant. C’est là qu’intervient la méthode pour mettre en avant les avantages non énergétiques qui sont pour une grande partie quantifiables et monétisables.
Regardons les problèmes à conserver d’anciens fours :
• Pannes et dysfonctionnements ;
• Arrêts de production non programmés ;
• Problèmes sécurité et confort ;
• Loyauté et satisfaction du personnel faibles ;
• Problème de qualité ;
• Pertes de productivité ;
• Incertitude quant à la disponibilité des pièces de rechange ;
• Risques opérationnels, commerciaux, légaux, stratégiques ;
• Surconsommation d’énergie ;

En regardant l’ensemble des dysfonctionnements, on voit bien que changer de fours va bien plus loin que le simple aspect d’économie d’énergie. En incluant ces dysfonctionnements dans notre réflexion de projet, on met en avant les bénéfices non énergétiques, comme l’augmentation du chiffre d’affaires et la baisse des coûts et des risques qu’implique le changement de ces fours. La décision d’investissement est plus claire pour le top management et lui permet d’avoir une vision d’ensemble sur le projet.

Les résultats de la recherche sur le terrain
23 opportunités d’investissement en efficacité énergétique ont été évaluées, en collaboration avec 20 entreprises, dont 13 industries, 6 tertiaires et 4 production d’énergie renouvelables.
Les objectifs de cette étude : connaître les différents bénéfices non énergétiques associés aux projets de transition énergétique, créer une base de données solide pour les comparer entre eux et tester la méthodologie. Cette méthodologie est associée à un logiciel, à un programme de formation des auditeurs non énergétiques et des managers de l’énergie et à une base de connaissances solide-.

La méthodologie, parlons-en concrètement : suite à une idée de projet, l’analyse se fait en 4 étapes de checklist et d’indicateurs : définir le contexte et le périmètre, les impacts opérationnels, les impacts stratégiques, et l’analyse financière. Les résultats de cette analyse permettent un modèle de présentation, qui face au processus de sélection des projets, permet d’obtenir une décision d’investissement positive. De plus, on constate une amélioration de la communication et de la collaboration des gestionnaires de l’énergie avec leurs collègues d’autres départements.

Différents types de bénéfices sont identifiés, on peut citer par exemple le coût de maintenance en baisse, la réduction d’émissions de CO2, les arrêts non programmés en baisse, la loyauté et la satisfaction des collaborateurs en hausse.
Pour les résultats sur les impacts stratégiques, on observe une réduction des coûts, une réduction des risques, et une proposition de valeur renforcée.
Sur les 19 évaluations pilotes industrielles et tertiaires, le temps de retour sur investissement est toujours positif, et le payback est divisé par trois lorsque les bénéfices non énergétiques sont inclus.
Ces paramètres permettent de débloquer des projets, qui ne serait pas viable aux yeux des dirigeants, à cause de l’arrêt de production à prévoir par exemple; en effet, l’analyse montre dans un exemple que les bénéfices de la mise en œuvre du projet l’emporte sur les inconvénients d’un arrêt de production.

“We should have done it yesterday!”

Conclusions sur les bénéfices non énergétiques
A l’heure où les dirigeants d’entreprises ne sont pas en connaissance des potentiels d’efficacité énergétique, et où les gestionnaires de l’énergie n’ont pas accès au top management, la méthode MBENEFITS représente un outil du système de gestion pour une évaluation complète et documentée, utilisable par n’importe quel système de gestion. C’est une méthodologie transversale, applicable à tout secteur d’activité et scalable.
“Make it strategic !”
Les bénéfices non énergétiques sont donc des facteurs clés de succès pour les projets en efficacité énergétique, ils rendent les projets stratégiques, rentables et attractifs.

Source de l’article : Webinaire “Inclure les bénéfices non énergétiques de l’efficacité énergétique dans l’évaluation et le processus décisionnel d’investissement : résultats de 23 évaluations pilotes dans des entreprises européennes et américaines”, Mardi 28 mai 2024, Catherine Cooremans.

Pour aller plus loin : un séminaire de deux demi-journées est disponible en ligne, cliquez ici.

Pour plus d’information :
Dr Catherine Cooremans, Directrice
Ipso Facto S.A.
6, Rue Joseph-Girard
1227 Carouge – CH
Tél. +4179 37910 56
Email : catherine.cooremans@ipso-facto.ch

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