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La méthanisation : un procédé de production de gaz vert mature en plein développement

En vue de préparer la Stratégie Française Énergie Climat de l’État, différents acteurs de l’énergie ont partagé leurs scenarii du mix énergétique décarboné en 2050, dont RTE, l’ADEME, Negawatt…

Qu’est-ce que la méthanisation ?
La méthanisation est un processus naturel biologique de dégradation de la matière organique animale ou végétale en l’absence d’oxygène (anaérobie), grâce à l’action de multiples micro-organismes. Elle se produit naturellement dans certains milieux tels que les marais ou peut être mise en œuvre volontairement dans des installations dédiées.

Les unités de méthanisation produisent du biogaz et du digestat.

Le biogaz est un mélange de gaz contenant une majorité de CH4 et de CO2, ainsi que de l’H2S et de l’H2O, qui, après épuration, devient du biométhane, dont les caractéristiques physiques sont similaires à celles du gaz naturel. Après contrôle de sa qualité, comptage et odorisation, ce biométhane est injectable dans les réseaux de gaz pour satisfaire des usages industriels (chaleur), domestiques (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson) ou comme carburant (BioGNV).

Le digestat est un résidu organique dont on peut séparer une phase solide et une phase liquide. Le digestat liquide contient principalement de l’azote sous forme ammoniacale, directement assimilable par les plantes, et peut donc être utilisé comme engrais en remplacement des engrais minéraux azotés. Le digestat solide peut, quant à lui, être utilisé comme amendement organique, en favorisant la restructuration de l’humus et en contribuant à l’enrichissement des sols.

En quoi le biométhane est une énergie faiblement carbonée ?

Le biométhane émet techniquement la même quantité de CO2 que le méthane fossile au moment de sa combustion. La différence réside dans la provenance de ce carbone. Le biométhane est issu d’un cycle court du carbone, c’est-à-dire que le CO2 émis a été absorbé par des cultures pour pousser. Cela permet au biométhane d’atteindre un facteur d’émission comparable à celui du photovoltaïque ou de la géothermie, situé entre 23,4 et 44 g CO2/KWh selon les hypothèses prises.

Le gaz a-t-il un avenir ?

En vue de préparer la Stratégie Française Énergie Climat de l’État, différents acteurs de l’énergie ont partagé leurs scenarii du mix énergétique décarboné en 2050, dont RTE, l’ADEME, Negawatt… 

Tous les scénarii font le même constat : les gaz verts sont nécessaires à la décarbonation de l’énergie en 2050. Leur verdissement est donc indispensable. Le scénario le plus ambitieux, celui de RTE, ne prévoit pas plus de 55 % d’électrification des usages en 2050. Il faut donc verdir les 45 % restants, dont le gaz qui représentera entre 150 et 200 TWh PCS en 2050.”

 

3 actions sont donc à mettre en œuvre pour décarboner les consommateurs de gaz :

1. En priorité, accompagner la baisse des volumes de gaz par des actions de sobriété et d’efficacité énergétique, afin de réduire fortement la consommation actuelle de gaz de 381 TWh.

2. Verdir les consommations résiduelles de gaz par différents moyens de production :

    • La méthanisation représentant un potentiel de 130 TWh en 2050.
    • La pyrogazéification représentant un potentiel de 90 TWh en 2050.
    • La gazéification hydrothermale représentant un potentiel de 50 TWh en 2050.
    • La méthanation représentant un potentiel de 50 TWh en 2050.
    • L’hydrogène représentant un potentiel de 100 TWh en 2050.

Ce potentiel de production de 381 TWh couvre largement les besoins de demain, quel que soit le scénario envisagé.

3. Capter le CO2 résiduel afin de le valoriser et/ou de le stocker, pour créer des puits de carbone.”

 

Benoit Deltour
Référent Décarbonation
chez GRDF