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Actualités 6 Mai 2025

La France renoue en 2024 avec la performance électrique décarbonée

RTE publie ce mois-ci le bilan électrique de l’année 2024.

L’occasion de voir l’évolution de nos productions et consommations et mesurer l’avancée de la décarbonation de l’économie, tant par l’évolution du mix de production que par l’électrification des consommations. Nous résumons les grands enseignements de ce très intéressant bilan, que le lecteur pourra facilement télécharger sous sa forme synthétique ou complète en cliquant ici.

Regardons les consommations tout d’abord : celles-ci augmentent, à météo constante, par rapport à 2023 de 0,7% pour s’établir à 449,2 TWh. Fait nouveau : l’industrie et le tertiaire tirent la consommation avec une augmentation de 2,4%. Parce que le système électrique dans son ensemble doit faire face à moins de pics de production et partant moins d’appels aux centrales à gaz, voire fioul et charbon, la consommation est couverte à 99,5% par une production électrique décarbonée. L’électricité compte pour 27% dans la consommation d’énergie finale ; les combustibles fossiles représentent encore 60% pour une valeur en 2024 de 60Md€. La part de marché des véhicules électriques neufs a atteint 17% en 2024. Le logement, à travers la rénovation thermique et la généralisation des pompes à chaleur se décarbone. L’industrie s’électrifie surtout à la faveur de nouveaux projets : gigafactories, électrolyseurs, data centers.

Côté production, RTE constate un record des volumes produits depuis 5 ans avec un niveau atteint de 539 TWh, signe d’une résolution des problèmes liés à la maintenance du nucléaire et d’une excellente performance des ENR avec un productible de 75 TWh pour l’hydraulique jamais atteint depuis 2013 et un fort développement du solaire et de l’éolien. La production renouvelable atteint un record de 150 TWh, soit 27,8 % de la production totale.
Nous reportons ici le mix électrique français pour 2024 en puissance installée (GW) et production annuelle (TWh). Il nous a semblé intéressant d’ajouter un rapport TWh/GW, qui donne un nombre moyen de jours mobilisés par les actifs de production :
On constate que les centrales à combustibles carbonés (gaz, charbon, fioul) ont été peu sollicitées en 2024. Sans surprise, le mix électrique français s’appuie sur le nucléaire et l’hydraulique. On note l’excellent temps d’utilisation sur l’année des centrales thermiques à partir de renouvelables et déchets.
L’intensité carbone de la production électrique française en 2024 tombe à 21,7g eqCO2/kWh, soit un tiers de moins qu’en 2023 ; l’une des plus basse du monde, note RTE. La puissance installée en PV (24,3 GW) surpasse désormais légèrement la puissance des installations éoliennes terrestres (22,9 GW).

Les prix de l’électricité ont retrouvé en 2024 des niveaux d’avant-crise : le prix spot moyen a été de 58 €/MWh, contre 97 en 2023 et 276 en 2022 ! Les prix à terme français ont également baissé mais restent toutefois plus élevés qu’en 2019 ; ils restent néanmoins inférieurs à ceux de nos pays voisins. Le prix spot français a été 71% du temps en dessous de la somme des coûts variables des centrales thermiques, marquant par là le développement des ENR.

Le solde français est donc exportateur et la France a largement exporté en 2024 : 101,3 TWh livrés à l’étranger, pour une valeur de 5Md€ alors qu’en 2022, la France était devenue, on s’en souvient, importatrice d’électricité.

C’est donc un large satisfecit pour la filière électrique française qui permet par-là de jouer un rôle certain dans l’attractivité de projets industriels dans le pays et montre également que décarbonation et économie peuvent jouer de pair.