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Entre usages concurrentiels et ressources en tension : une stratégie régionale nécessaire pour l’eau

Du fait du changement climatique, l’eau devient une ressource en tension, même dans notre région pourtant historiquement pourvue de précipitations abondantes. Le récent rapport du CESER nous invite à penser une politique régionale ambitieuse pour répondre à cet enjeu grandissant.

La région, à l’image de toute la France, a souffert cet été de pénuries d’eau historiques. Essentielles pour la biodiversité, l’agriculture et les usages quotidiens de la population, l’eau est également une ressource incontournable pour l’industrie. En Hauts-de-France, 32% de l’eau est destinée à l’industrie, en augmentation de 16% en l’espace de 10 ans. Plus de 55% des prélèvements sont réservés l’alimentation en eau potable et environ 12% revient à l’agriculture.

Selon ce même rapport, la recharge annuelle régionale devrait s’amenuiser au fil des années (potentiellement jusqu’à -46% à horizon 2070).

Dans ce contexte, une stratégie eau doit être envisagée pour les industries dépendantes de cette ressource afin de se préparer à une baisse de sa disponibilité. Cette stratégie se porte sur trois niveaux :

  • Les prélèvements : quelle quantité nécessaire et quelle qualité minimum ?
  • Les usages : quels procédés nécessitant de l’eau et comment améliorer leur efficacité ?
  • Les rejets : quelles température et dépollution – réalisée en interne ou en externe – essentielles pour un retour en milieu naturel sans conséquence sur l’environnement ?

Ces réflexions sont d’autant plus importantes que des usages concurrentiels voient le jour, notamment pour la production d’hydrogène vert. 9L d’eau sont en effet nécessaires pour produire 1 kilo d’hydrogène, plus encore s’il y a du refroidissement. D’après des études portant sur des projets annoncés par les acteurs économiques et publics des Hauts-de-France, les besoins de la région en hydrogène vert seront entre 120 000 et 175 000 tonnes par an en 2030 (étude Pôlénergie et France Hydrogène). Ceci correspond d’ores et déjà à plus d’un million de m3 d’eau prélevés en plus. La croissance de ces besoins, inévitable avec le déclin à venir des énergies fossiles, est à mettre au regard des tensions que subissent la ressource, notamment durant des étés de plus en plus chauds et secs.

Si la situation hydrique de la France reste satisfaisante, l’eau disponible par habitant étant deux fois supérieur au seuil de stress défini par l’OMS, elle pourrait rapidement se détériorer. Le bassin Sèvre Niortaise et Mignon constitue ainsi un triste exemple à ne pas suivre : une sanctuarisation qui s’effectue sans débat, sans stratégie ni vision de l’intérêt général. Une partie de l’eau est accaparée par un petit nombre via des « méga-bassines », suscitant de fortes contestations car excluant de facto l’ensemble des autres acteurs régionaux. Dans ce bassin, seuls 10 à 15% des agriculteurs irriguent leurs cultures.

La crise climatique doit donc nous pousser à penser une stratégie nationale déclinée à l’échelle régionale, en concertation avec les agriculteurs, industriels et citoyens, dans l’intérêt de tous, y compris de l’environnement et de la biodiversité.