loader

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a de l’hydrogène blanc !

Pôlénergie était présent à l’événement organisé par Evolen « L’hydrogène naturel, des perspectives prometteuses » à Paris La Défense.

Voici ce que nous retenons de cette journée.

L’hydrogène blanc émerge comme une source prometteuse pour l’exploitation et l’usage d’un hydrogène décarboné et peu coûteux. La France, qui a adapté son code minier dès 2022 pour en autoriser sa recherche, a lancé son premier chantier d’exploration dans les Pyrénées. Au moins quatre autres sites attendent l’aval du législateur pour débuter les recherches. Parmi eux, l’ancien bassin houiller lorrain pourrait constituer, selon les premières estimations théoriques, un gisement exceptionnel qui permettrait à la France d’être largement exportatrice.

L’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers, mais il est souvent intégré dans des molécules plus complexes, typiquement dans l’eau, ce qui nécessite des méthodes énergivores pour être isolé. Le terme “énergivores” est synonyme soit d’émissions de CO2 (dans le cas du vaporeformage) soit de coûts importants (dans celui de l’électrolyse). L’hydrogène blanc, en ce sens, constitue une opportunité de premier ordre pour répondre aux enjeux carbone et de compétitivité.

L’exploitation d’H2 blanc : pas une découverte !
L’exploitation d’hydrogène à l’état naturel n’est pas une nouveauté : le Mali exploite à Bourakebougou un puits d’H2 blanc depuis … 2011 ! Découvert fortuitement, la concentration en H2 atteint 98%. La poche se situant proche de la surface, les coûts d’exploitation sont très faibles. Les usages y sont locaux, focalisés pour la production d’électricité. Le Nebraska, l’Australie et le Maroc étudient leurs gisements depuis déjà 5 ans. Tandis que d’autres pays, dont la France, ont récemment adapté leurs codes miniers pour explorer leurs sous-sols. Parmi eux, la Colombie, la Pologne, les Philippines ou le Groenland. L’émulation est donc forte !

Et pour cause, l’hydrogène blanc offre plusieurs atouts considérables :
• Un bilan carbone quasi nul
• Un cout 30% à deux fois moins élevé que celui de l’hydrogène gris, pouvant dans certains cas descendre aux alentours de 0,5€/kg, et en moyenne à 1€/kg !
• Des techniques d’extraction techniquement simples et connues, inspirées du pétrole conventionnel (sans fracturation hydraulique).
• Parfois qualifié de « renouvelable » , bien qu’il serait plus judicieux de parler « d’accumulation dynamique » : un puits pouvant se remplir de nouveau en quelques années.

Un nombre croissant d’acteurs qui se positionnent
Preuve de l’intérêt du sujet, une multitude d’acteurs se positionnent : des start-ups spécialisées aux géants de l’industrie énergétique. De nombreuses entreprises ont été créées spécifiquement pour explorer et exploiter cette nouvelle ressource, telles que Koloma, Edene, Gold, ou encore Hydroma, investissant des dizaines voire des centaines de millions d’euros dans ces projets d’exploration.

Parallèlement, des acteurs miniers traditionnels comme la Française de l’Energie en France ou des compagnies internationales de pétrole telles que Petrobas, Repsol et Engie via Storengy, se tournent vers l’hydrogène blanc. D’autres, comme ENI, Total ou Shell restent en observation, prêts à dégainer lorsque les potentiels auront été confirmés.

Encore des défis à relever !
Malgré cette effervescence, l’exploitation commerciale ne devrait pas débuter à l’échelle industrielle avant 2030. Des interrogations sur les volumes exploitables et les perspectives économiques réelles restent de mise. Les premières estimations dans les Pyrénées montrent que ces gisements pourraient constituer environ 5% de notre consommation annuelle d’H2 sur plusieurs années (à consommation constante). Couplée à d’autres gisements, la production potentielle pourrait couvrir voire dépasser nos besoins … si les infrastructures de transport, coûteuses et complexes, se déploient rapidement. En attendant, les usages locaux semblent à privilégier.