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Congrès ALLICE : “Decarbonising industry : ramping up for 2030 and beyond !”

Le congrès Allice dresse le bilan d’aujourd’hui par rapport à nos objectifs de 2030‭, ‬et des obstacles qu’il faudra surmonter pour réussir à atteindre ceux de 2050‭.‬

Le 23‭ ‬et 24‭ ‬septembre s’est tenu l’évènement biennal d’ALLICE à Paris avec pour thématique‭ ‬”Decarbonising industry‭ : ‬ramping up for 2030‭ ‬and beyond‭ !”‭. ‬L’objectif de celui-ci est de dresser un bilan d’aujourd’hui par rapport à nos objectifs de 2030‭, ‬qui est déjà demain‭, ‬et de commencer à regarder les obstacles qu’il faudra surmonter pour réussir à atteindre ceux de 2050‭.‬

Au cours de ces deux journées‭, ‬se sont enchaînés de nombreux témoignages‭ : ‬retour d’expérience des industriels sur leurs projets de décarbonation‭, ‬présentation de solutions technologiques déjà opérationnelles ainsi que mise en lumière d’innovations en développement‭. ‬Le constat partagé est le même que lors du Congrès ALLICE 2023‭, ‬nous avons actuellement toutes les cartes en main pour réussir à atteindre les objectifs à l’horizon 2030‭, ‬mais il faut développer celles qui permettront d’atteindre les objectifs fixés à 2050‭. ‬Cependant‭, ‬il ne faut pas penser que 2030‭ ‬est acquis et que nous atteindrons ces objectifs facilement‭.‬

Pour rappel‭, ‬la SNBC 3‭ (‬Stratégie Nationale Bas-Carbone‭) ‬fixe un‭ ‬objectif de‭ -‬35‭ % ‬des émissions industrielles entre 2015‭ ‬et 2030‭.‬‭ ‬Selon le rapport Secten 2025‭ ‬du CITEPA‭, ‬les émissions 2024‭ ‬se situent entre les trajectoires prévues par la SNBC 2‭ ‬et la SNBC 3‭, ‬comme l’a rappelé‭ ‬Thomas Gouzennes‭ ‬de la Direction Générale des Entreprises‭. ‬Cependant‭, ‬la dynamique récente reste fragile‭ : ‬la baisse n’a été que de‭ ‬1,4‭ % ‬entre 2023‭ ‬et 2024‭, ‬et l’INSEE anticipe une diminution à‭ ‬1,3‭ % ‬entre 2024‭ ‬et 2025‭. ‬Surtout‭, ‬ces réductions ne résultent pas d’une véritable transformation structurelle‭, ‬mais d’un ralentissement de l’activité industrielle‭ ‬dans certains secteurs en difficulté‭. ‬Autrement dit‭, ‬nous émettons moins parce que nous produisons moins‭ ‬et non pas parce que nous produisons mieux‭.‬‭ ‬Or‭, ‬c’est bien sur l’intensité carbone de notre production qu’il faut agir‭ : ‬réduire nos émissions nationales au prix d’une hausse des importations plus carbonées reviendrait simplement à déplacer nos émissions‭, ‬pas à les supprimer‭.‬

Que ce soit lors de l’édition 2023‭ ‬ou 2025‭ ‬du Congrès ALLICE‭, ‬nous avons pu assister à la présentation de projets de décarbonation ambitieux en France‭ ‬qui ont abouti‭, ‬ce qui montre clairement que c’est possible lorsque certains s’engagent‭ : ‬

  • En 2023‭, ‬Lactalis nous avait présenté son projet de centrale solaire thermique pour décarboner sa chaleur‭, ‬en partenariat avec Newheat‭.‬
  • En 2025‭, ‬nous avons découvert le projet de Sanofi-Opella utilisant la solution technologique de‭ ‬Terrao‭ (‬adhérent Pôlénergie‭), ‬ainsi que le projet de décarbonation de Terreal Wienenberg pour son process de séchage des tuiles sur deux de ses sites‭, ‬l’un en collaboration avec EDF‭, ‬l’autre avec Newheat‭. ‬

Souvent‭, ‬le frein économique a pu être levé grâce à différents dispositifs d’aides‭ (‬ADEME‭, ‬CEE‭, ‬aides régionales‭, ‬etc‭.) ‬ou grâce au recours au tiers-financement‭, ‬ce qui a permis de concrétiser plusieurs projets de décarbonation‭.‬‭ ‬Il est essentiel de poursuivre ces efforts pour lever un maximum de freins à l’investissement‭,‬‭ ‬en particulier pour les cinquante sites industriels les plus émetteurs‭, ‬qui représentent à eux seuls‭ ‬deux tiers des émissions industrielles du pays‭.‬‭ ‬Le principal obstacle demeure toutefois d’ordre économique‭. ‬

Adeline Pillet‭,‬‭ ‬du Service Décarbonation de l’industrie et hydrogène‭, ‬a présenté les montants nécessaires pour atteindre les objectifs fixés à l’échelle des 225‭ ‬sites concernés par les plans de‭  ‬transition sectoriels‭ (‬PTS‭). ‬Cela représente un besoin d’investissement de 10‭ ‬milliards d’euros d’ici 2030‭,‬‭ ‬dont un tiers consacré à l’efficacité énergétique‭. ‬Pour faciliter la mise en‭ ‬œuvre de ces investissements‭, ‬une meilleure valorisation du prix du carbone pourrait jouer un rôle clé‭. ‬En rendant financièrement‭ ‬plus attractifs les projets de réduction d’émissions‭, ‬elle permettrait de transformer des initiatives jugées coûteuses en opportunités rentables et compétitives‭, ‬et peut-être même diminuer le besoin de subvention pour qu’un projet puisse aboutir‭.‬

Les projets énergétiques sont encore trop souvent perçus comme une contrainte‭,‬‭ ‬abordés sous un angle strictement financier centré sur les économies d’énergie‭. ‬On ne prend pas toujours le temps de les envisager dans une vision plus globale et stratégique‭. ‬L’approche des Bénéfices Non Énergétiques‭ (‬BNE‭), ‬présentée par Catherine Cooremans lors du Congrès‭, ‬met justement en lumière l’ensemble des retombées positives indirectes‭ : ‬amélioration de la productivité‭, ‬réduction des risques‭, ‬confort des opérateurs‭, ‬qualité produit‭, ‬image de marque‭, ‬etc‭. ‬Elle rappelle ainsi qu’un projet de décarbonation ne se limite pas à l’énergie‭, ‬mais influence bien d’autres dimensions de la performance industrielle‭. ‬On a encore tendance à évaluer un projet uniquement à travers son TRI‭, ‬plutôt‭ ‬que de le considérer comme un levier de compétitivité à long terme‭. ‬Pourtant‭, ‬à partir du moment où un projet est rentable‭, ‬c’est qu’il est par définition bénéfique pour l’entreprise‭, ‬au-delà même des économies d’énergie qu’il génère‭.‬

L’un des chiffres marquants évoqués par le grand témoin du congrès‭, ‬Pierre-André de Chalendar‭, ‬président de La Fabrique de l’Industrie et ancien PDG du groupe Saint-Gobain‭, ‬illustre bien les enjeux économiques de la transition‭. ‬Selon la FMI‭ (‬Fond Mondial International‭), ‬le coût de la décarbonation représenterait entre 0,5‭ ‬et 1‭ ‬point du PIB mondial‭, ‬tandis que le coût de l’inaction atteindrait jusqu’à 15‭ ‬points‭. ‬Ainsi‭, ‬si la décarbonation implique aujourd’hui un investissement conséquent‭, ‬le coût de l’inaction serait‭, ‬à terme‭, ‬bien plus élevé‭.‬

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