L’énergétique urbaine est un secteur encore peu appréhendé par la recherche scientifique
Une bonne raison pour saluer l’initiative de l’équipe du professeur Blanpain de l’Université de Lille qui fait œuvre de pionnier en la matière. Cette discipline vise à déterminer à l’échelle d’un quartier l’ensemble des phénomène physiques qui s’y déroulent : rayonnement, transfert de chaleur, pollution, eau… Les conclusions sont parfois contre-intuitives ; à l’heure où la sobriété énergétique invite à changer nos comportements et où l’analyse du risque climatique conduit à revoir nos conceptions de la ville, disposer d’une base scientifique de réflexion n’est certainement pas un luxe. Par le biais de plusieurs articles, Pôlénergie, partenaire du projet AUBE, se fera le porte-voix ce semestre de l’énergétique urbaine, afin de familiariser un large public aux différents champs et possibilités que recouvre cette discipline.
Aujourd’hui, partout dans le monde, les grandes villes posent des problèmes semblables à leurs habitants, à leur environnement et aux autorités publiques : utilisation mal contrôlée du sol (étalement urbain) et des ressources (en particulier de l’énergie), pollution chimique, thermique (îlot de chaleur urbain), sonore et lumineuse, difficulté de préparer l’avenir dans des sociétés qui ont perdu le sens de la durée et de la planification, alors même que les décisions sur le plan de la ville ont des effets qui se mesurent en siècles, voire en millénaires.
Le projet AUBE, initié par Polytech Lille, s’inscrit dans l’obligation des collectivités territoriales de répondre aux défis de la transition énergétique et écologique. Il vise à réaliser une analyse approfondie des problèmes identifiés et à valider les solutions correctives envisagées. Afin de répondre de manière efficace à ces enjeux, une rupture scientifique et technologique est nécessaire. Dans ce contexte, le projet AUBE a pour objectif le développement, sur une période de cinq ans, d’un jumeau numérique de la ville ou du quartier urbain. Ce jumeau numérique permettra d’évaluer les coûts et les avantages de différents scénarios d’évolution, en mettant l’accent sur la sobriété énergétique, l’intégration des énergies renouvelables et la qualité de vie au sein d’ensembles urbains devenus, par nécessité, plus denses et solidaires.
D’un point de vue industriel, AUBE apportera un outil puissant à l’industrie du bâtiment et à celle des travaux publics. La grande majorité de l’occupation du sol urbain relève de l’une de ces deux industries qui cherchent déjà à promouvoir le développement durable à travers divers projets tels que la déconstruction, le recyclage, les enrobés froids, etc. AUBE leur offrira en plus la possibilité de tester des hypothèses de travail et de valider a priori des solutions techniques avant la réalisation de prototypes, toujours coûteux avant d’atteindre la phase industrielle.
Enfin, l’ensemble du projet s’accompagnera d’une mise en place de formations en énergétique urbaine en formation initiale et en formation continue permettant à l’ensemble des acteurs du domaine de monter en compétences.
