loader

Energies : comment réduire la facture ?

La reprise mondiale post-covid19 et les tensions géopolitiques liées à l’invasion russe de l’Ukraine ont conduit à une flambée des cours du gaz et par ricochet de l’électricité. Dans ce contexte de crise énergétique, nous avons rencontré Mathias Povse, Directeur de l’Action Régionale EDF Hauts-de-France et Directeur Commerce Nord-Ouest ; il nous décrypte le sujet.

Les niveaux des prix de marché ne cessent d’augmenter, qu’est-ce qui amène cette hausse ?
D’abord, il faut rappeler que ce n’est pas EDF qui fait les prix de l’électricité mais bien le marché européen. Sur ce marché, le prix de l’électricité est construit de telle sorte qu’il dépend du dernier moyen de production utilisé en Europe pour couvrir la charge. Ces centrales fonctionnent au gaz et au charbon. De ce fait, le prix de l’électricité est lié au prix du gaz. Or depuis un an, nous avons connu un double choc gazier. Le premier lié à la forte demande en gaz lors de la reprise économique post covid, le deuxième suite à l’invasion en février 2022 de l’Ukraine par la Russie. Ces deux effets conjugués entrainent une envolée des prix du gaz hors de proportion (jusqu’à 1 500% !!). Ajoutez à ceci une production électrique française historiquement basse due à la moindre disponibilité du parc nucléaire du fait du programme de maintenance des centrales décalé par la COVID, les travaux du grand carénage et le phénomène de corrosion constaté sur certains réacteurs qui nécessitent des travaux ainsi que les conditions climatiques défavorables pour l’éolien et l’hydraulique, et l’on obtient des prix de gros de l’électricité historiquement haut.
Dans ce contexte, les prix de marché de l’électricité sont particulièrement volatiles. Par exemple, le prix à terme de l’électricité pour livraison l’année suivante (Calendar n+1) est passé d’une moyenne d’environ 50 euros/MWh mi-2021 à 135€/MWh en moyenne en septembre 2021. Le prix a ensuite dépassé 400€/MWh la dernière quinzaine de décembre 2021 et plus de 1100 €/MWh fin août 2022.

Dans quelle proportion les factures des clients professionnels ont-elles évoluées en 2022 et quelles sont les perspectives pour 2023 ?
Concernant nos clients professionnels, il est très difficile de donner des ordres de grandeur car les impacts de la hausse des prix de gros sont très hétérogènes. Ils dépendent avant tout de la stratégie d’achat du client, de la durée et de la date de signature du contrat. Néanmoins, tous ont bénéficié des mesures gouvernementales qui leur étaient applicables et l’on peut constater qu’en 2022 en France, la plupart des clients ont été protégés des hausses très importantes des prix de gros.
Concernant 2023, avec le maintien de prix de marché très élevés dans la durée, et malgré l’AREHN qui oblige EDF a mettre à disposition des industriels et de ses concurrents une part de sa production (120TWh en 2022) au prix de 46,5 € le MWh, on peut s’attendre à une hausse très significative des prix pour la plupart des entreprises et collectivités. Le plafonnement de la hausse des tarifs réglementés de vente de l’électricité annoncé par la Première ministre le 14 septembre 2022, dans le cadre de la prolongation du bouclier tarifaire, devrait limiter la hausse à 15% pour – en plus des particuliers – les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites collectivités locales de moins de 10 salariés.
L’Europe a également un rôle à jouer pour limiter la hausse des prix de marché. L’Union européenne a annoncé le 30 septembre un accord sur des mesures d’urgence pour aider les ménages et les entreprises à faire face à l’envolée des prix de l’énergie. Ces mesures consistent à récupérer une partie des superprofits des producteurs d’énergie pour les redistribuer aux consommateurs et à réduire la demande d’électricité aux heures de pointe. Par ailleurs, le plafonnement des prix de gros du gaz et de l’électricité est en discussion. Ces mesures sont à l’étude et n’ont pas encore été, aujourd’hui, transposées en France.

Que propose le groupe EDF à ses clients pour limiter l’impact de la hausse des prix de gros sur leurs factures d’énergie ?
Depuis des années, et ceci, bien avant la crise que nous traversons aujourd’hui, nous proposons une large gamme d’offres pour aider nos clients à consommer moins et à consommer mieux ; à ce titre, les appels à la sobriété électrique et énergétique sous-tendent nos actions depuis longtemps.
Par exemple, EDF accompagne ses clients dans la compréhension de leur consommation en mettant à disposition des services de suivi et de pilotage des consommations d’énergie (Gamme Conso d’EDF ou Gamme Expertise Conso). Nous proposons également un service de suivi des consommations qui permet d’optimiser le confort tout en réduisant significativement les consommations énergétiques : le client opte pour une gestion innovante et performante de la consommation énergétique de son bâtiment grâce au pilotage centralisé et à distance de ses équipements, assisté par une intelligence artificielle. Un hôtel que nous suivons a ainsi réduit sa consommation et donc sa facture de 40%.
EDF propose des contrats d’effacement à certains grands clients, qui sont rémunérés pour l’énergie non consommée, et met en place des écogestes visant à diminuer les factures énergétiques. Enfin, et de plus en plus, nous coconstruisons avec nos clients des programmes d’efficacité énergétique et de décarbonation sur mesure en alliant un large panel de solutions allant de l’éclairage à la mobilité électrique, en passant par l’autoconsommation PV, l’efficacité des procédés industriels et la récupération de chaleur fatale.
Nous accompagnons les entreprises, les industriels et les collectivités avec une large gamme de solutions pour consommer moins et consommer mieux en réduisant l’empreinte carbone et environnementale.