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Décarbonation de l’industrie, les indispensables de construction de sa stratégie

La décarbonation de l’industrie nécessite une approche globale, combinant technologies avancées, changements structurels, investissements importants et engagement envers des pratiques durables.

Bien souvent, la simple substitution des intrants d’origine fossile est mise en avant et priorisée alors même que d’autres enjeux sont passés au second plan. Pour construire une stratégie de décarbonation pérenne, la prise en compte des enjeux de marchés, de durabilité, de sobriété et d’efficacité est essentielle. À travers cet article, Pôlénergie met l’accent sur les étapes clés qui ont conduit à l’élaboration de la feuille de route de décarbonation pour les industriels, en tenant compte de l’ensemble des enjeux.

La décarbonation de l’industrie est vue comme le moyen de retrouver en France une puissance industrielle à la fois vertueuse, résiliente et souveraine. La France, ne disposant pas ou peu de ressources fossiles, a donc tout intérêt à substituer les intrants qui pèsent à la fois sur le climat et sur la balance commerciale. Cela peut et doit aussi permettre de revoir l’ensemble du périmètre qui permet à l’industriel de fonctionner. C’est tout l’intérêt de porter le sujet de la décarbonation sur les 3 scopes qui composent la mesure de son empreinte carbone.

Évaluation des émissions et objectifs
La méthodologie à suivre pour construire sa feuille de route démarre donc par une première étape de comptage et de compréhension de ses émissions de gaz à effet de serre. La méthode Bilan Carbone permet d’établir une comptabilité des émissions sur un périmètre défini et constitue l’évaluation du niveau actuel. Il ne s’agit pas de déterminer un chiffre (absolu) mais plutôt de comprendre quelles sont ses émissions et d’où elles proviennent majoritairement. C’est à partir de cet exercice que l’on peut construire sa trajectoire, identifier ses objectifs et définir son plan d’actions associé. La mise en œuvre de ce plan d’action doit permettre à chaque instant une réévaluation de l’impact sur le bilan afin de prévenir des bénéfices ou des coûts.

Stratégie de décarbonation en 3 étapes

1. Sobriété et efficacité énergétique

La construction de sa trajectoire de décarbonation doit impérativement commencer par des mesures en matière de sobriété et d’efficacité énergétique. Tout d’abord, un accent doit être mis sur la question des usages de l’énergie et  des matières afin de reposer les fondamentaux d’une politique de sobriété et d’efficacité énergétique. La construction des plans d’actions peut s’appuyer sur les audits énergétiques, les dispositifs de comptage et la mise en œuvre de plans d’amélioration continue, que ce soit sur la partie bâtimentaire, utilités ou processus. Pour cela, une approche globale est importante et il faut sortir d’une logique d’actions en silos. La question de l’efficacité des procédés ne doit également pas échapper à une prise de hauteur sur la performance globale de ses équipements. Cela peut conduire à la mise en place d’évolutions majeures des procédés et de modernisation des équipements ou bien de rétrofits.

2. Substitution des énergies fossiles

Le remplacement d’une énergie par une autre doit d’abord passer par une question de ses usages et de ses besoins, afin de définir la solution la plus adaptée, pérenne et pertinente tant sur les aspects économiques, techniques, énergétiques que carbone. Pour une bonne intégration et un dimensionnement juste des solutions, c’est à partir de l’énergie finale nécessaire aux procédés, aux utilités et aux bâtiments que l’on peut prescrire les solutions. Il existe une multitude de solutions pour remplacer les intrants fossiles. Cela peut se faire via l’électrification directe, le remplacement d’intrants par des sources renouvelables (biogaz, biocoal, biofuels…). Puis, lorsque cela est justifié, on peut se poser la question de la production de l’énergie primaire et donc intégrer les EnR électriques et thermiques (photovoltaïque, solaire thermique…) au sein même de l’entreprise.

3. La capture pour le stockage et/ou l’utilisation du carbone

L’étape qui permet d’abattre définitivement les dernières émissions de carbone reste très certainement la capture du carbone, qui a deux vertus. D’une part, elle offre la possibilité d’éviter le rejet des émissions dites incompressibles, notamment lorsqu’il s’agit de rejets issus de la transformation de matières premières comme la décarbonatation (ciment, chaux, verre).  D’autre part, dans des logiques de stockage et/ou d’utilisation, cette solution offre la possibilité de séquestrer d’importantes quantités de carbone, voire d’atteindre des empreintes négatives.

Grégory Desmidt
Responsable grands projets
chez Pôlénergie