loader

Les Small Modular Reactors, ces réacteurs nucléaires innovants, vont-ils révolutionner l’énergie en Hauts-de-France ?

Alors que les projets autour de la transition énergétique, de la décarbonation et de la réindustrialisation n’ont jamais été aussi nombreux dans la région Hauts-de-France, notre accès à une énergie compétitive, bas-carbone, souveraine, mais surtout disponible, reste une préoccupation majeure.

Pôlénergie se trouve ainsi confronté à de nombreuses interrogations concernant l’avenir énergétique de la région. Nous tentons à la fois d’apporter des outils et une vision neutre du mix énergétique décarboné pour demain, mais nous portons également l’ambition de soutenir les innovations qui pourront permettre d’atteindre de telles ambitions, dont font partie les SMR.

Pour démontrer l’apport de ces nouvelles technologies et leur intérêt pour appuyer la décarbonation des territoires, Jimmy Energy, Naarea, ainsi que Blue Capsule ont chacun pu présenter leurs ambitions. Ces trois jeunes entreprises, lauréates de l’appel à projet « Réacteurs Nucléaires Innovants » financé par France 2030, portent chacune un projet de développement de SMR. Le terme SMR n’indique qu’une taille critique inférieure de l’installation à 300 MW électrique. En revanche, chacune des 11 entreprises sélectionnées par France 2030 a choisi des voies sensiblement différentes, concernant la taille du réacteur, la génération, le type de combustible, la technologie de modération et de caloporteur pour l’énergie produite. Le choix est donc fait de pousser en parallèle plusieurs solutions, de les aider à travers des fonds publics et privés et de faire émerger une nouvelle filière, et par la même occasion, de faire le plein de recherches et d’innovations. Notons tout de même que certains travaillent sur des réacteurs proches de technologies largement déployées dans le monde telles que les réacteurs à eau pressurisée (REP), comme EDF qui développe une version miniaturisée de ses réacteurs via sa filiale Nuward. Tandis que d’autres préparent le nucléaire de quatrième génération avec l’arrivée des Réacteurs à Neutrons Rapides (RNR) qui devraient, à terme, permettre de fermer le cycle du combustible. Les RNR promettent de réutiliser le combustible usagé de nos centrales historiques et, par conséquent, de produire une énergie décarbonée, compétitive, souveraine en réduisant l’impact du parc nucléaire existant.
Le second facteur qui rend les SMR particulièrement intéressants, c’est l’apport de ces technologies en matière d’énergie, qui n’hésitent pas à proposer un véritable service énergétique offrant chaleur et électricité aux clients. Si l’on s’en tient au modèle électronucléaire conventionnel, la part des pertes thermiques des centrales représentait en 2020 plus de 800 TWh, soit plus que la consommation nationale de produits pétroliers. Les SMR, de par leur taille et leur niveau de sûreté et de sécurité accrue, permettraient une implantation à proximité des usages de chaleur et donc de valoriser ce potentiel énergétique.

Enfin, les SMR sont aussi vus comme un moyen de s’affranchir de contraintes grandissantes sur la disponibilité de l’électron pour des usages intensifs en électricité. La question de la disponibilité de l’électricité est à la fois liée à la question des capacités de production, mais aussi aux capacités du réseau de transport et de distribution à répondre à la croissance des besoins à l’horizon 2030-2050. L’électrification des usages dans l’industrie, le tertiaire ainsi que la mobilité entraîne de nombreux investissements dans les infrastructures de transport et de production d’énergie. Les SMR, par leur taille, leur moindre complexité et leur ambition de massification, sont capables de produire de l’électricité à proximité des usages. Ces modules, par conception, seraient en partie capables de se piloter et de contribuer à l’équilibrage du réseau. Les SMR peuvent aussi se positionner comme un moyen d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables et intermittentes.

L’appel à projet « Réacteurs Nucléaires Innovants » de France 2030 positionne notre pays dans la compétition mondiale sur les SMR. Cette technologie, envisagée entre autres pour remplacer certains actifs de production d’électricité carbonée (centrale à charbon, cycle combiné…), se trouve maintenant positionnée comme une solution directe de décarbonation de certains secteurs d’activités.

A noter : l’IMT Nord Europe travaille avec plusieurs partenaires industriels à la création d’un titre d’ingénieur énergie nucléaire et décarbonée, dont l’objectif premier est la formation en alternance des ingénieurs, les plus opérationnels possibles, pour la filière nucléaire (ingénieur exploitation, ingénieur maintenance, ingénieur projet nucléaire, ingénieur sûreté …) et leur donner les clés pour comprendre le mix énergétique dans sa globalité.

Pour plus d'informations