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Transition 2050 : quatre chemins types vers la neutralité carbone

Comment traduire les enjeux de la transition énergétique auprès des acteurs du territoire ? A quoi vont ressembler nos vies futures ? Comment atteindre la neutralité carbone ?

Grâce aux scénarios de l’ADEME “Transition 2050”, les débats sur l’adaptation au changement climatique sont orientés vers le “comment” et “quand”, plutôt que vers le “contre” ou le “pour”.

En 2021, quatre scénarios ont été publiés par l’Agence de la Transition Écologique, qui présentent des choix différents de société, pour une transformation qui tend vers la neutralité carbone. Et même si capter autant de CO2 que nous en émettons se révèle être un pari fort, il faut agir maintenant.

Scénario 1 : génération frugale 


Ici, on propose une refonte importante de notre société : la transition est conduite par la sobriété, la contrainte et la technologie. L’adaptation et l’implication de tous sont des facteurs clés de réussite. La nature est sanctuarisée, l’économie du lien est mise en avant et le captage du CO2 est possible grâce aux puits naturels de carbone comme les forêts et les sols.

Scénario 2 : coopérations territoriales 

Ici, la société se transforme avec une gouvernance partagée ainsi qu’avec une économie durable, sobre et efficace. L’efficacité énergétique est investie, autant que les énergies renouvelables et la réindustrialisation. La neutralité est atteinte uniquement grâce aux puits naturels.

Scénario 3 : technologies vertes

Comme son nom l’indique, ce scénario mise sur le développement technologique pour répondre aux enjeux. Nous habitons, nous nous déplaçons et travaillons comme aujourd’hui et l’État planifie la mise en place de politiques fortes pour décarboner l’économie, toujours dans un contexte d’échanges mondialisés. Contrairement aux premiers scénarios, le captage seul de CO2 à la sortie des processus assure la neutralité carbone.

Scénario 4 : pari réparateur

Cette proposition nous permet de conserver les modes de vie actuels, en pariant sur des solutions techniques. On se repose sur nos capacités à réparer les systèmes, avec plus de ressources matérielles et financières. Le numérique et les technologies qui matureront sont la base de cette transition. Encore à l’état de pilote, c’est le captage du CO2 dans l’air qui assure la neutralité carbone.

Les problématiques 

Ce travail prospectif fait l’objet de mise en perspective de problématiques, dont les débats devront être structurants :

• La sobriété, jusqu’où ? En effet, le questionnement sur les modes de vie et de consommation sera déterminant pour la réduction de la demande d’énergie, face à la culture consumériste de notre société actuelle.
• La neutralité carbone peut-elle être atteinte exclusivement grâce aux puits naturels ? Malgré le potentiel important des puits naturels de CO2, ils sont également fragiles et vulnérables face au changement climatique.
• Quelle sera l’économie du bâtiment de demain ? La réflexion sur les bâtiments est essentielle face à la consommation d’énergie et de matières premières de ce secteur.
• Quel modèle industriel sera mis en place ? La question des politiques publiques pour accompagner les transformations de l’industrie se pose, dans un contexte de résilience et de compétitivité.

Figure 1 Une baisse en demande d’énergie dans
les quatre scénarios (ADEME)

Les enseignements

• Pour diminuer notre empreinte carbone, le S1 comporte des paris humains, le S4 des paris technologiques. Les S2 et S3 ressortent donc comme les plus équilibrés et réalisables.
• Malgré une empreinte carbone qui diminue en 2050 pour tous les scénarios, ils s’avèrent tous insuffisants pour limiter l’élévation de la température moyenne de la planète à plus de 2°C. Pour y parvenir, il nous faudrait atteindre 2 t CO2eq par habitant en 2050.
• Dans tous les scénarios, il est possible de mettre en place un approvisionnement énergétique comprenant 70% d’énergies renouvelables, en prenant en compte une réduction substantielle de consommation d’énergie finale (de 30 à 50% d’énergie en moins) par rapport à 2015.
• La sobriété est le moyen le plus rapide et le plus efficace vers la neutralité carbone, en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles.
• La perspective de parvenir à la neutralité carbone ne suffit pas à elle seule pour réussir notre transition. On met ainsi en évidence les avantages de la sobriété énergétique et ses co-bénéfices sur les pressions environnementales.

Neutralité carbone, planification, transformation, réduction de la demande en énergie, industrie, vivant, ressources, énergies renouvelables : tout est détaillé et disponible dans le programme Transition 2050 de l’ADEME pour aider et accompagner les décideurs et les citoyens dans le défi de la transition énergétique.

Une feuille de route actualisée pour un avenir durable

Une nouvelle édition, datée de mars 2024, propose une vision plus globale des principales conclusions des travaux de “Transition 2050”.

Pourquoi une mise à jour ?

La version de 2021 de ces travaux est aujourd’hui complétée par 17 feuilletons, qui apportent une vision synthétique et consolidée de l’ensemble des résultats. Une analyse de risques précise les conditions et les impacts de chaque scénario.
Cette révision est en partie une réponse aux questions qui sont soulevées par l’évolution rapide des conséquences du changement climatique et du contexte énergétique en évolution. On peut citer, par exemple, la diminution de la vitesse de croissance des arbres, qui influence la capacité du captage du CO2 ou les risques en approvisionnement d’énergie fossiles et d’électricité.

Focus sur la sobriété 

La sobriété apparaît comme un levier pour atteindre plus rapidement la neutralité carbone. Selon l’ADEME, trois voies doivent être développées pour cheminer vers la sobriété :

• La première consiste à adopter des gestes rapides à mettre en œuvre (éviter le gaspillage d’énergie, économiser les matières premières et l’eau),
• La deuxième implique la mise en place d’équipements favorisant des changements pratiques (aires de covoiturage, pistes cyclables, ateliers de réparation…),
• La troisième voie concerne la transformation des normes sociales, ce qui se révèle être plus long et plus complexe à mettre en place.

La sobriété représente donc un défi indispensable dans notre société, là où il est impossible de consommer de façon infinie dans un monde aux ressources finies. Les scénarios 1 et 2 font ce choix marqué de sobriété, ce qui permet d’avoir moins d’équipements à contruire et donc moins de matières à consommer, soit globalement plus de capacité d’adaptation au changement climatique. Les impacts sont donc positifs, mais cette solution peut se heurter à de fortes résistances. C’est pourquoi le S2 tend vers un consensus social, avec une gouvernance ouverte, mais où le rythme de transformation est ralenti par rapport au S1.

Mise en avant de la vulnérabilité de chacun des scénarios

Les nouvelles analyses permettent de qualifier les scénarios sous de nouveaux angles :

• La robustesse face aux risques exogènes : l’accent est porté sur l’augmentation des événements extrêmes, l’augmentation des prix des matières premières…
• L’impact sur l’environnement, les personnes et l’économie.

La sobriété y apparaît comme un facteur de résilience face aux risques qui pourraient la retarder. En effet, tous les scénarios, à part le S1, ont au moins un risque non négligeable, ce qui induit qu’ils peuvent être fragilisés par des facteurs extérieurs et doivent être accompagnés de mesures pour limiter ces risques. Le S1 et S2 qui sont tournés vers la sobriété, sont les seuls scénarios qui ont des risques limités, ce qui montre que la sobriété est un facteur d’atténuation des risques et des impacts. Cependant, il faut que la sobriété soit également combinée à d’autres solutions comme l’efficacité et les énergies renouvelables, car elle ne représente pas à elle seule une assurance complète. Le S4 est le seul scénario à présenter des risques forts, ce qui en fait le scénario le plus risqué.

La nouvelle synthèse est également enrichie de nouveaux enseignements, de comparaisons entre les scénarios et d’un développement spécifique sur la sobriété.

Figure 2 : Synthèse des résultats de l’évaluation des risques et impacts par sous-catégorie (ADEME)

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