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La géothermie profonde, une technologie d’avenir dans les Hauts-de-France ?

Le 22 février 2023, l’AFPG, l’ADEME et le BRGM organisaient la journée de sensibilisation géothermie profonde à Polytech Lille, l’occasion de mettre en lumière cette technologie moins connue que la géothermie de surface.

Quelques bases : la différence entre géothermie profonde et géothermie de surface ?
La géothermie de surface est une technologie utilisant les calories du sous-sol ou de la nappe entre 0 et 200m de profondeur, à une température en général entre 10 et 18°C, pour produire de la chaleur ou du froid. La géothermie profonde récupère les eaux de la nappe à une profondeur supérieure à 200m de profondeur, ce qui lui permet d’obtenir une température supérieure à 30°C pour produire de la chaleur, du froid ou de l’électricité. La géothermie de surface peut s’appliquer sur de très petites surfaces, alors que les plateformes de forage en géothermie profonde sont des installations de très grande ampleur avec une tour de forage pouvant faire 40m de haut et des réseaux de diamètre conséquent. Une plateforme de forage peut demander quelques milliers de m2 et engendrer des nuisances pour le voisinage, ce qui peut être difficilement compatible avec les zones urbaines, elle est donc plus facile à mettre en place dans les zones semi urbaines et urbaines. Contrairement à la géothermie de surface, l’usage de la géothermie profonde est soumis au code minier et est plus tributaire du contexte géologique.

L’usage de la géothermie profonde
La géothermie profonde peut être utilisée pour produire et alimenter en chaud ou en froid les bâtiments, que ce soit résidentiel ou en tertiaire. La production d’électricité a été peu évoquée par les intervenants de la journée car cela s’applique difficilement en France. La géothermie représente seulement 1% de la production de chaleur en France et est utilisée en majorité via des réseaux de chaleur (66%). Seulement 1% est à destination de l’Industrie, or, la géothermie profonde montre un potentiel pour fournir une production de chaleur ou de froid au process industriel. Selon Norbert BOMMENSATT, référent en géothermie profonde à l’ADEME, les objectifs actuels sont de “booster la géothermie profonde en multipliant par 2, 3 ou 4 son usage en France d’ici 2030”. La géothermie profonde est bien implantée en Ile-de-France mais peine à se développer dans les autres régions, dont celle des Hauts-de-France.

La géothermie profonde dans les Hauts-de-France
La géologie profonde des Hauts-de-France est peu connue, notamment car les données géologiques viennent en général des forages pétroliers. Qui dit peu d’informations sur la nature du sous-sol dit qu’il y a plus de risque de ne pas trouver la ressource ou de ne pas atteindre les températures escomptées, avec de potentiels coûts supplémentaires si un autre forage doit être fait. Des projets de recherche ont été réalisés ou sont en cours et apportent quelques pistes. Les résultats d’une thèse réalisée en 2017 et d’un projet INTERREG entre la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique (“DGE-ROLLOUT”) nous ont été présentés pendant la journée de sensibilisation à la géothermie profonde. Des chercheurs de l’Université de Lille et de l’Université de Mons nous ont révélé les zones les plus favorables dans la région : entre Douai et Valenciennes, autour de Maubeuge, et les recherches sont à approfondir dans les alentours de Lens et Arras. En ce qui concerne le reste de la région, l’étude n’a pu montrer de potentiel en géothermie profonde. Les anciens sites miniers sont nombreux dans la région mais ne permettent pas d’avoir davantage d’informations et aucun n’a pour l’instant été exploité avec de la géothermie profonde, cela peut être en partie dû aux restrictions du code minier. Cependant, d’autres pays européens, comme l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne auraient déjà exploité d’anciens sites miniers.

Les aides financières
Avant de vous lancer dans un projet de géothermie, des études de potentiel, de faisabilité et d’investissement sont à réaliser par des bureaux d’études spécialisés. L’ADEME permet de financer 80% du coût de l’étude de faisabilité nécessaire à la réalisation des opérations. Il est également possible de déposer un dossier à la Caisse des dépôts pour obtenir le fonds de garantie géothermie. Celui-ci permet jusqu’à 90% d’indemnisation pour sécuriser le projet dans le cas où on ne trouve pas la ressource. Selon Norbert BOMMENSATT, “il y a une volonté de l’ADEME d’aller là où ça n’a pas encore été fait, nous n’avons pas peur de l’échec”, ce qui est encourageant pour l’accélération de la géothermie dans la région.

La géothermie profonde présente de nombreux avantages environnementaux et énergétiques (énergie renouvelable, température stable et élevée, bas carbone, verdissement des réseaux de chaleur, etc.) Bien qu’il y ait des freins à la géothermie profonde dans la région, comme le flou géologique, des pistes sur des zones à potentiel élevé et des aides financières existent pour permettre aux projets de se développer dans les Hauts-de-France.

 

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